3 Septembre 2011
Dans un commentaire, sous notre article intitulé LIBERTÉ ET LOGE SOUVERAINE , notre frère Nomo écrit :
Cher Raminagrobis
Tes analyses sont plus que pertinentes. Elles s'imposent peu à peu et je crois finiront par être reconnues par un grand nombre...
Mais pourquoi te fâches-tu ? Au risque de perdre ta crédibilité certaine ?
Petit M de 20 ans je reste convaincu que les attaques des uns ou des autres ne servent pas cause de la FM universelle ....
Je ne doute pas un instant du caractère bienveillant de la remarque de Nomo, et c’est pourquoi je le remercie sincèrement pour son intervention.
Mais sa réaction m’oblige à exposer plus directement ici le climat détestable qu’une certaine opposition fait régner entre nous depuis trop longtemps.
Rappelons tout d’abord que nous avions toujours par solidarité et pour ne pas gêner FMR, très souvent retenu notre plume. Mais il se trouve que certaines limites sont désormais très largement dépassées.
Mais puisque Nomo me dit que, malgré ce, j’ai tort de me fâcher, je crois utile, en confidence, de lui révéler le fond de ma pensée.
D'abord, je dois dire qu'il n'est pas juste de renvoyer indifféremment les antagonistes dos à dos, dans une sorte de culpabilisation généralisée. En maçonnerie l'on apprend que seuls les mauvais compagnons sont coupables et même si nous ne pouvons pas prétendre à l’infaillibilité, il n’y a aucune raison de mettre, les mauvais compagnons et les maîtres relevés, sur un même pied d’égalité.
C’est bien le groupe FMR, qui sous la plume de son collectif myosotis Tamino, a cru bon de proclamer dans un texte rageur à l’extrême, que nos analyses ne constituaient pas une piste sérieuse, car elles relevaient à l’évidence d’un « juridisme étroit » et d’un « régionalisme » sympathiquement campagnard. Venant de la part d’un groupe qui s’est si souvent trompé dans ses actions et dans ses mots d’ordre, la formule est plus que désobligeante et situe la discussion, très largement au-dessous de la ceinture.
Ensuite, je crois sincèrement, depuis longtemps, voire depuis l’origine, que la cause profonde de notre désaccord se situe dans une conception différente que nous nous faisons de la maçonnerie universelle, ce qui nous oblige, pour servir utilement cette dernière à analyser les comportements concrets des uns et des autres.
C’est en effet le moyen le plus sûr pour ne pas mettre tous les opposants dans le même panier à crabes !
Nietzche avait raison lorsqu'il préconisait la méthode généalogique pour discriminer l’ambivalence d’une même passion, et ainsi la déclarer juste ou malsaine, selon qu’elle obéit à des forces de vie (maçonnerie initiatique) plutôt qu’à des forces de mort (maçonnerie obédientielle non initiatique). Avant lui le Christ déclarait, « ceci est juste et bon, car c’est ainsi que mon Père (force de Vie) le veut ». Car tout dépend en effet des objectifs de la cause que l’on défend et du désintéressement qui préside à cette défense.
Les objectifs de GLNF 86 sont directs, clairs, et de pratique immédiate. Il s’agit de rétablir la maçonnerie traditionnelle au sein de la GLNF, dans la stricte continuité de ses fondateurs, chacun s'accordant à reconnaître qu'ils avaient mis en place une obédience respectueuse des Landmarks et donc organisé une obédience permettant de pratiquer en loges (souveraines) une véritable maçonnerie initiatique.
Dès lors le simple bon sens oblige à se dire, qu’il serait sot de quitter une obédience dans laquelle nous avons beaucoup travaillé et à laquelle nous sommes attachés, puisqu'il ne dépend que de nous, de la réhabiliter le plus facilement du monde. (L’obédience GLNF était régulière jusqu’à ce qu’une bande d’usurpateurs, vienne faire main-basse sur nos loges et notre maçonnerie en 1997, en les transformant en vulgaires produits distribués par une structure associative de personnes, ayant des visées et des comportements entrepreneuriaux.)
Pourquoi donc s’aventurer dans les aléas et les risques considérables et même les impossibilités de principe, qui s’attachent inévitablement à toutes perspectives de création d’une nouvelle obédience. (Surtout lorsque celle-ci se veut régulière et rattachée à l’ordre maçonnique universel selon une continuité initiatique).
Dès lors et ainsi que nous le proposons continûment par nos analyses et nos propositions de réappropriation de l’obédience GLNF selon ses statuts non abrogés de 1986, la méthodologie qui est la nôtre, au-delà du discours de bonnes intentions que tout un chacun peut facilement tenir sans pour autant y croire, atteste de l'adéquation entre nos actions et nos objectifs.
Force est de reconnaître qu’à l’inverse, la méthodologie ULR, est très différente de la nôtre, alors que, bien évidemment, les intentions de maçonnerie régulière proclamées, sont forcément les mêmes (qui proclamerait qu'il ne veut pas mettre en place la véritable maçonnerie initiatique de tradition ? Personne évidemment ! FS et sa gouvernance, ne proclament-ils pas eux aussi, des intentions similaires. Sommes-nous des diviseurs et desservons-nous la maçonnerie universelle, parce que nous ne sommes pas d'accord avec les pratiques obédientielles post 97 de FS ? Alors, pourquoi serions-nous de mauvaise foi, lorsque nous déclarons de manière argumentée, que ne sommes pas d’accord avec les méthodes de FMR et la faisabilité du projet ULR ?
Si dans le cas de FS, la protestation et même une saine colère s’est révélée plus que nécessaire pour servir la maçonnerie universelle. Pourquoi l'ULR devrait-elle pour sa part, être crue sur parole ?
L’évidence est là, personne ne doit se fier à des intentions proclamées, puisque seules attestent des véritables intentions, les méthodes et les pratiques, mises en œuvre !
Ainsi, créer un groupement fourre-tout, pour rassembler le plus largement possible; sur le seul critère du rejet de la gouvernance en place, en utilisant l'autorité sentencieuse que d'anciens officiers provinciaux exercent encore sur certaines loges de leur ancienne circonscription, avec pour objectif avoué d’établir une régularité traditionnelle au moyen principal de la reconnaissance par la GLUA, ne paraît pas devoir servir la maçonnerie universelle.
Et ce n'est pas en enveloppant l’opération avec le thème passe-partout et à la mode, de la loge souveraine, que cette création donnera des gages de vertu maçonnique. On voit bien en effet, toute l'ambiguïté qui se cache derrière le concept de loge souveraine, volontairement, mal défini par ceux qui ne l’invoquent que pour la galerie. Comment ce concept pourrait-il être admis à la fois par des officiers provinciaux demeurés les chefs de leurs loges, et par la totalité des notables d'ancien régime passé à l'opposition. L’on voit bien que pour ceux là notamment, la souveraineté des loges n’est qu'une simple concession de vocabulaire à visées purement tactiques.
Bref mon cher Nomo, je te rassure, ma colère comme tu dis, est loin d’être irréfléchie. Elle est uniquement le moyen par lequel j’entends ne pas laisser à nos détracteurs, l'initiative de donner le tempo des discussions, en imposant préalablement leur conception du légitimement correct, leur conception du bon ton, celle de la bonne tactique et de la bonne analyse, etc. Car il est bien évident qu’une fois que les dés sont ainsi pipés, plus aucune discussion constructive ne peut s’ouvrir, ni se développer. Une fois le contexte créé, toutes les objections que vous pourrez faire deviendront immédiatement négatives, voire malpolies.
Ce mécanisme de manipulation que je décris ici, n’est pas nouveau. C’est même la méthode la plus éculée et aussi la plus élémentaire de toutes les manipulations de débats. Elle a toujours été systématiquement utilisée par tous les régimes et tous les systèmes de pensée, totalitaires.
Aussi, lorsqu’on la rencontre sur son chemin, il ne faut jamais l’accepter, sauf à se laisser enfermer immédiatement, tel un insecte dans une toile d’araignée.
Mon cher Nomo, ton intervention me permet de dire à nos détracteurs que nous ne sommes pas dupes de leurs méthodes, et qu’ils auraient tort de vouloir persévérer sur cette voie.
En l’employant, ils démontrent avant tout leur inaptitude à défendre loyalement leur cause, et rèvèlent qu’ils ne la croient pas suffisamment juste pour qu’elle triomphe sans trucage.
RAMINAGROBIS