16 Juillet 2010
Il est important de faire référence à des anciens Maçons célèbres et de caractère, et sur leurs jugements portés sur les Obédiences en général. Nous citerons quelques extraits des lettres de notre regretté Frère Marius Lepage, qui nous démontre que quand le ver est dans le fruit, le fruit tombe.
Ces extraits datent de 1969, mais pour bien démontrer la force du témoignage de ces lignes, nous donnerons d’abord la satisfaction de M. Lepage d’avoir rejoint les rangs de la G.L.N.F. Il écrit en 1965 : « que n’ai-je pas dit et écrit moi-même avant de demander mon affiliation à cette obédience, et d’y avoir enfin trouvé les satisfactions que je cherchais dans l’Ordre, à commencer par la paix de ma conscience. »
En 1969 tout a changé, « surtout, ne croyez pas qu’un sectarisme obédientiel m’anime en vous écrivant. Il est à peu près certain qu’à la reprise des travaux, la Loge Ambroise Paré va quitter la G.L.N.F. ( De toute façon, personnellement je suis décidé à quitter cette obédience dont le bigotisme anglo-saxon et l’étroitesse d’esprit m’écoeurent, ainsi que le caractère grippe-sous pour entretenir une cohorte de Grands-Machins parfaitement inutiles). »
Marius Lepage prône une Fédération de Loges, dont chacune est indépendante dans sa vie quotidienne, puis il continue : « Plus de Grands-Machins, plus d’oukases lancées dans des circulaires compréhensibles mais combien primaires ».
Parlant de sa recherche spirituelle qui motive toutes ses décisions il en dit : « mes démarches spirituelles intérieures, dont je ne suis ni le Maître, ni le responsable. Je suis la voie que Dieu me trace, et je n’essaie plus de regimber. »
En 1970 de façon prémonitoire, il écrit : « Elle accentue mon dégoût de toutes les obédiences, et accentue mon amour pour ma petite Loge et ma vénération pour l’Ordre. Tout croule autour de nous, et la Franc-Maçonnerie comme l’Eglise vont sombrer dans le chaos pré-apocalyptique que nous commençons à prévoir. »
Pour être conforme à la voie, Marius Lepage demande à sa Loge de ne plus porter aucun des beaux tabliers et autres fariboles.
Combien en ces jours sombres, le message de notre F. Marius Lepage devrait nous guider et nous engager à créer des Loges/Arche, où la Tradition sera vécue sans compromis avec le monde profane, ou une obédience profanatrice.
Continuons les citations de nos grands anciens, et après Marius Lepage, citons Oswald Wirth, dont les jugements sont encore plus sévères, mais combien forts aujourd’hui : « Or, lorsqu’une tradition a cessé d’être comprise, elle ne vit plus dans les esprits. En tant qu’observance servile, elle peut se maintenir transitoirement ; mais ce qui manque de cohésion rationnelle ne tarde pas à se disloquer, car tout cadavre tend à se décomposer… Ces formes creuses dont l’esprit s’est retiré, ces écorces mortes, mais persistantes en raison de leur dessèchement, figurent ce qui se maintient à l’état cadavérique, en tant que superstition, au sens étymologique du mot. Il convient, en effet, d’appeler superstitieux tout ce qui tient debout sans justification logique, comme, par exemple, les rites perpétués par habitude ou par respect du passé, alors que nul ne sait plus à quoi ils correspondent. Hiram est l’intelligence qui anime la tradition maçonnique : il revit en nous dès que nous comprenons tout le mystère de la Maçonnerie, en nous rendant exactement compte de la raison d’être de ses usages symboliques. »
Ou encore : « Malheureusement le travail maçonnique n’est pas enseigné en Maçonnerie avec l’efficacité voulue. Admis en Loge sans préparation intellectuelle, les Maçons s’en tiennent aux extériorités qui leurs sont montrées. Ils croient avoir travaillé lorsqu’ils ont correctement mis en scène le rite, dont la représentation leur suffit. Tout se borne pour eux au cérémonial, au culte expressif, qui ne vaut cependant que par ce qu’il exprime. Nous sommes victimes d’un pharisaïsme de gestes et de paroles auquel ne correspond rien d’intérieur en notre compréhension. Là est le vice : nous pratiquons la Maçonnerie sans la comprendre, sans la posséder intérieurement, en esprit et en vérité. »
Ou bien « Parmi les Maçons dits spéculatifs, non sans quelque ironie, il en est peu qui soupçonnent que la Maçonnerie possède une philosophie spécifiquement Maçonnique. Les choses de l’esprit ne troublent guère de braves gens qui se targuent d’appartenir à une aimable société fraternelle, épargnant à ses membres toute torture intellectuelle. L’éloquence muette des symboles n’éveille aucun écho en ceux qui n’ont obtenu admission dans une école de haute sagesse que pour y figurer à titre de cancres. N’accablons cependant pas d’excellents Frères, animés des meilleurs sentiments, parce qu’ils sont spirituellement trop jeunes pour profiter d’un enseignement qui les dépasse. Ils ne disent que trop vrai, quand, récitant le catéchisme, ils se déclarent âgés de trois ou cinq ans et reconnaissent qu’ils ne savent ni lire ni écrire. »
STOLKIN