24 Mars 2013
À l’évidence, sauf à se contenter de faux semblants, force est de constater que la maçonnerie est incapable d’éradiquer les individus qui en son sein, dénués de scrupules maçonniques, profitent de l’environnement « fraternel » et « solidaire » pour organiser leurs « petites affaires » en prenant soin, comme il se doit pour tout bon professionnel de l'arnaque, de capter, moyennant menus services et flagorneries ostentatoires, la protection de quelques leaders de l’institution obédientielle.
("Par nature", au sein d’une « fraternité » les exigences de démission ou les radiations, n’interviennent qu’une fois les scandales ouvertement intervenus, quand bien même les pratiques et les comportements des individus concernés sont connus de notoriété publique depuis longtemps)
Cette situation est grave et contribue à la décadence dans laquelle se trouvent les institutions maçonniques en général.
L’étonnant, ici encore, (voir CLUBISME, INITIATION, ET MAUVAIS COMPAGNONS - Le blog de le-myosotis.de.septimanie.over-blog.com ) est que les obédiences s’accommodent de cette situation en la recouvrant pudiquement par de fausses excuses faites de prétendu « bon sens ».
Les maçons dévoyés, disent-elles, ne sont que la transposition banale au sein de la maçonnerie de la crapulerie ordinaire de notre société, car la maçonnerie est une organisation humaine conduite par des hommes qui, forcément, reproduisent les travers et les perversions de l’humanité ordinaire.
Mais chacun voit bien (ou devrait voir s’il faisait un effort d'honnêteté intellectuelle) que cet argument ne vaut rien, puisque la maçonnerie s’affiche très précisément auprès du public avec la prétention singulière et quasi inouïe, de conduire l’humanité vers le meilleur d’elle-même.
C’est dire si la contradiction est patente, l’échec avéré et si la crédibilité de la maçonnerie devient nulle, à chaque fois que se fait jour, une nouvelle affaire.
La cause de cette aberration est assez évidente.
Trop de maçons sont inscrits en maçonnerie associative sans avoir la moindre idée de la haute portée de l’initiation qu’ils sont censés pratiquer de telle sorte qu’ils sont impuissants à défendre l’institution maçonnique à la fois contre ses dérives et perversions intérieures, mais aussi contre les agressions extérieures qui mettent en exergue les défaillances et les comportements peu honorables de certains.
Pourquoi, au lieu de revendiquer une pseudo-puissance occulte liée à la possession de secrets prétendument « intransmissibles au vulgaire », la maçonnerie ne dit-elle pas tout simplement qu’elle est avant tout, une pratique initiatique ancestrale fondée sur une méditation parfaitement codifiée autour d’ensembles symboliques et de mythes, qu’une Loge de Maîtres maçons, formellement et régulièrement constituée d'initiés, a pour fonction de faire vivre et de rétablir, à volonté.
Dans cette formulation, rien n’est occulte, tout est vérifiable.
Rien n’est surnaturel.
Car tout est naturellement de l’Ordre de l’Initiation.
Et ce n’est en rien violer un quelconque secret que de dire ouvertement que l’initiation « opère » toujours et encore, de manière effective, les transmutations nécessaires chez tous ceux qui acceptent de s’engager avec foi (et donc avec confiance) dans la démarche initiatique. (Laquelle évidemment ne se réduit pas au simple fait de s’inscrire dans une association maçonnique quelconque et d’en payer les cotisations)
L’énoncé d’un tel programme aurait pour le moins l’avantage de faire fuir les esprits obtus pour qui la dimension spirituelle de l’homme n’a aucun sens et parmi eux les affairistes évidemment, mais aussi les vaniteux de la pose mondaine et de la surenchère du pédantisme, que l’initiation véritable finit immanquablement par débusquer (bien que plus difficilement).
Ne nous trompons pas, l’ « initiation » en tant que « chemin de connaissance » n’est pas une technique exclusivement réservée à la maçonnerie puisque l’initiation est un instrument éducatif puissant que l’humanité utilise depuis toujours et partout, à chaque fois que l’homme prend conscience des dangers de sa prétention à l'auto-divinisation ; qu’il s’agisse des dangers de l’ignorance brute de l’obtus prétentieux, de l’exaltation aveuglée du pseudo savant privé de toute ouverture du cœur ou de l’hypocrisie moralisante et verbeuse des faux gourous, manipulateurs de consciences.
C’est donc bien l’initiation, qu'une obédience maçonnique doit placer au centre de ses préoccupations comme fer de lance d’une maçonnerie renouvelée.
Et ce sont bien les recrutement outranciers et la course au nombre qui sont la cause de la présence de trop de brebis galeuses, et ce, quelles que soient les affirmations des obédiences qui se disent toutes acquises aux principes initiatiques (évidemment) mais qui, dans le refus des conditions nécessaires à leur mise en œuvre, ne se sentent réellement vivre (en réalité survivre) que par la surenchère du nombre de leurs recrutements.
Prenons garde à ne pas retomber dans les vieux travers de ces GMP qui imposaient leur « bon vouloir » et leur « principauté » locale aux Loges existantes et aux maçons qui font vivre un Orient, en autorisant contre le gré des interessés (et contre toute raison) la création d’une Loge nouvelle au seul motif qu’un farfelu bien féal, se déclarait en situation de fournir une liste de recrues supplémentaires.
La création d’une Loge ne doit plus être une affaire de sergents recruteurs et moins encore de prise en compte de coteries où interviennent plus de considérations de basse politique profane que de préoccupations maçonniques.
Sinon tout sera compromis.
En ces temps de concurrence obédientielle ouverte et de suspension de reconnaissance internationale, il est impératif de faire preuve d’un minimum de prudence et de pragmatisme, et pourquoi pas aussi, d'une stricte moralité !
Car en maçonnerie, la moralité* n’est pas un luxe, loin s'en faut !
C’est même la pierre angulaire de nos institutions !
RAMINAGROBIS
* qui est l'opposé du moralisme.